Poésies, chansons, théâtres, dialogues et scénarios de plusieurs chefs d’oeuvre du cinéma français ou encore collages, Prévert a transcendé son humanisme et son esprit aiguisé à travers l’humour et la poésie pour mieux contrer la bêtise et l’injustice de son temps.
Anarchiste de cœur, il se disait « rêveur » ou « artisan » plutôt que poète. Engagé, son art synthétise les différentes qualités et aspirations d’une époque et d’un peuple; à travers son originalité, son goût de la révolte, sa liberté de pensée et, à travers sa créativité cinglante, par sa solidarité aux opprimés et sa lutte sans merci contre les oppresseurs de tout poil …
Vous aurez un appercu du spectacle en cliquant sur la photo:
Extraits des poésies ou pièces jouées pendant le spectacle :
Graffiti
Même si vous ne le voyez pas d'un bon oeil
le paysage n'est pas laid
c'est votre oeil qui peut-être est mauvais.
La belle saison, Paroles
A jeun perdue glacée
Toute seule sans un sou
Une fille de seize ans
Immobile debout
Place de la Concorde
A midi le Quinze Août.
Extrait de La chasse à l'enfant, tiré du recueil Paroles, publié en 1946 :
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l’île on voit des oiseaux
Tout autour de l’île il y a de l’eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu’est-ce que c’est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
...
Extrait de Familiale, Paroles:
La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu’est-ce qu’il fait le père ?
Il fait des affaires...
Extrait de Barbara, Paroles :
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
...
Extrait de la pièce de théâtre En famille
La mère est seule dans la maison. Le fils entre. Il est jeune, pâle, fébrile, échevelé. Il va se jeter contre le mur.
LE FILS
Ferme la porte, mère, vite, je t’en prie !
La mère, hochant la tête, ferme la porte avec un profond soupir.
LA MERE, poussant le verou et poussant en même temps un profond soupir comme son enfant.
Le verrou … Voilà !(Examinant son fils:)
Voyez-vous ça, il entre en coup de vent et il crie, et il tremble de tous ses membres.
LE FILS
Oh! Mère, si tu savais …
LA MERE
Je ne sais pas mais je m’ en doute … (Avec un bon sourire :)
Tu as encore fait une bêtise !
LE FILS
Hélas !
LA MERE
Et pourquoi cette fièvre, ce regard inquiet, et qu’est-ce-que tu caches sous ton bras?
LE FILS
C’est la tête de mon frère, mère.
LA MERE, surprise
La tête de ton frère !
LE FILS
Je l’ai tué, mère !
LA MERE
Etait-ce bien nécessaire ?
LE FILS, faisant un geste lamentable avec ses bras.
Il était plus intelligent que moi.
LA MERE
Pardonne-moi, mon fils, je t’ai fait comme j’ai pu … je t’ai fait de mon mieux … Mais qu’est-ce-que tu veux, ton père, hélas, n’était pas très malin lui non plus ! (Avec à nouveau un bon sourire :) Allez, donne-moi cette tête, je vais la cacher … (Souriante :)C’est pas la peine que les voisins soient au courant. Avec leur malveillance ils seraient capables d’insinuer un tas de choses …
Un grand merci aux comédien(ne)s pour ce moment partagé...